Les débuts d’une passion
C’est à Vierzon, où sa famille s’installe en 1937, que le jeune Chapo découvre sa vocation. Une rencontre décisive en 1947 avec un charpentier de marine éveille en lui une passion profonde pour le travail du bois. Cette révélation le pousse à s’inscrire à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, en section architecture. Pendant ses études, il est influencé par les grands noms de l’architecture comme Le Corbusier et Frank Lloyd Wright, dont l’approche organique marquera son style.
Un parcours enrichi par les voyages
Les études de Chapo sont ponctuées de voyages formateurs : des séjours dans les pays scandinaves, un service militaire en Allemagne, et une année charnière en Amérique centrale, complétée par un stage dans un cabinet d’architectes en Arizona. Ces expériences nourrissent sa vision et influencent durablement son approche du design. À son retour, il travaille brièvement comme dessinateur d’enseignes et guide touristique avant de poursuivre sa carrière dans le mobilier.
L’émergence d’un style unique
De retour en France, Chapo se consacre au travail du bois, privilégiant le chêne, le frêne et l’orme massif. Son style se distingue par une synthèse audacieuse entre design contemporain et artisanat traditionnel, mêlant formes minimalistes et fonctions pratiques. En 1960, son talent est reconnu par la ville de Paris qui lui décerne sa Médaille d’or lors de l’exposition « Arts et techniques de l’artisanat ». Ses créations se caractérisent par l’utilisation de matériaux naturels et une finition huilée qui met en valeur la beauté du bois, développant une patine unique avec le temps.
Une carrière florissante
En 1958, Chapo ouvre sa première galerie boulevard de l’Hôpital à Paris avec sa femme Nicole, exposant ses créations aux côtés d’autres artistes renommés comme Isamu Noguchi. Sa réputation grandit, attirant des commandes prestigieuses, dont un lit conçu pour Samuel Beckett, connu sous le nom de lit Godot (modèle L01). L’expansion de son atelier à Clamart marque le début d’une période prolifique. Chapo collabore avec divers fabricants et architectes, s’inspirant notamment du travail de Charlotte Perriand. En 1967, il remporte la Médaille de bronze de la Société d’encouragement à l’art et à l’industrie au Salon des artistes décorateurs.
L’héritage de Chapo
Installé à Gordes à partir de 1967, Chapo développe sa société, étendant son réseau de production et de distribution en France et à l’étranger. Ses meubles, caractérisés par leur audace et leur robustesse en bois massif, gagnent une reconnaissance internationale. Tout au long de sa carrière, Chapo reste fidèle à sa philosophie, alliant tradition ébéniste et création moderne. Il partage sa vision à travers des conférences en France et à l’étranger, explorant les thèmes de l’ébénisterie, de la menuiserie, et de l’authenticité dans la création.
Malheureusement, Pierre Chapo est diagnostiqué atteint de la maladie de Charcot en 1983 et s’éteint prématurément en 1987, à l’âge de 60 ans, laissant derrière lui un héritage riche et durable dans le monde du design et de l’ébénisterie.
L’attrait croissant des pièces de Chapo
Aujourd’hui, les créations de Pierre Chapo connaissent un regain d’intérêt auprès des collectionneurs et des amateurs de design. Ses pièces emblématiques, telles que la chaise S11, la table T21, la bibliothèque R28, le fauteuil S15, et la table basse B10, sont particulièrement recherchées et mises en valeur lors de ventes prestigieuses. Ces meubles se distinguent par leurs lignes épurées, leurs formes géométriques et leur construction robuste.
Le mobilier de Pierre Chapo, avec son esthétique intemporelle et sa qualité artisanale exceptionnelle, continue d’incarner l’excellence du design français du XXe siècle. Chaque pièce, qu’il s’agisse d’une table, d’une chaise, d’un bureau, d’une étagère ou d’une enfilade, est considérée comme un investissement précieux pour les collectionneurs et les passionnés de mobilier d’exception.